Ce week-end des 5, 6 et 7 septembre, la Commune d’Ixelles a loué la quasi-totalité de la place Sainte-Croix (Flagey) à la société automobile SMART dans le cadre de son roadshow FOR Brussels https://www.facebook.com/events/1453233411624373/ .

L’activité consistait à présenter les nouveaux modèles de la marque à travers divers moments d’allure culturelle (street art, DJ’s, activités pour enfants). C’est le monde à l’envers : il ne s’agit pas d’une activité culturelle sponsorisée mais bien d’une activité commerciale utilisant l’animation de l’espace public et la culture comme alibi.

Une interpellation du Conseil communal du 18 septembre 2014 par Yves Rouyet, Chef du Groupe ECOLO.


20140906_122121.jpg
Les places Flagey et Sainte-Croix sont régulièrement occupées par divers pavillons publicitaires (encore Voo ce 10 septembre) ou par du stationnement automobile réservé à un événement. Elles ne sont pas les seules, d’autres lieux importants de la commune comme l’avenue de la Toison d’Or voient fleurir les écrans publicitaires mobiles. ECOLO dénonce systématiquement cette nouvelle politique de marchandisation de l’espace public.

Il s’agit cependant, ici, d’une première : l’occupation totale d’une place pendant 5 jours (1 jour de montage, 3 jours d’événements, 1 jour de démontage) !

De mémoire d’Ixellois, c’est de loin le cas le plus impressionnant de privatisation de l’espace public à des fins commerciales qui ait jamais été observé dans notre commune.

Or la tenue d’un tel l’événement pose plusieurs questions éthiques fondamentales :

1) L’espace public, bien universel, peut-il être privatisé, même temporairement ?

2) Peut-on sacrifier pendant tout un week-end de beau temps un espace public populaire alors que celui-ci est habituellement très fréquenté par divers publics : enfants, terrasses de café, entrée d’un centre culturel majeur, entrée de l’église, visites guidées patrimoine, etc. ?

3) Est-il encore souhaitable au 21ème siècle de promouvoir l’usage de l’automobile en ville ? Et ce, alors que l’OCDE s’alarme du record mondial d’embouteillages de notre pays et de ses conséquences sur la santé, l’environnement et l’économie…?

4) Le ciblage marketing des enfants dont on sait qu’ils représentent des proies sans défense pour les publicitaires ne constitue-t-il pas une frontière à ne jamais franchir ?

5) L’image d’Ixelles doit-elle être associée à des marques commerciales ?

6) N’est-il pas temps de limiter, voire supprimer, la publicité commerciale dans l’espace public comme le font de nombreuses villes dans le monde ? Et cela, tant pour des questions paysagères et patrimoniales de dégradation de l’image des lieux que pour des raisons, plus essentielles, d’incitation à la surconsommation, d’endettement des ménages les plus fragiles et de destruction des ressources de la planète.

20140903_171347.jpg

Par ailleurs, d’un point de vue pratique,

  • Le volume sonore des activités était très élevé. Comment expliquer cette politique de deux poids, deux mesures : d’une part les mesures strictes prises récemment par la Commune vis-à-vis des horeca ou événements bruyants et, d’autre part, ce laisser-aller surprenant ?
  • Les montages et démontage de l’activité ont entravé la circulation piétonne et rendu inaccessible une partie des arceaux vélos.
  • L’organisateur de l’événement n’a pas procédé au nettoyage des lieux après le démontage. Pourquoi la Commune ne l’a–t-elle pas imposé dans le cadre d’une convention ? Et si oui, pourquoi cette imposition n’a-t-elle pas été respectée ?
  • Le mur de l’église Sainte-Croix fut transformé en urinoir géant. Pourquoi la Commune n’a-t-elle pas imposé l’installation de toilettes publiques et fait respecter scrupuleusement les règles d’hygiène ?

photos (c) Céline Delforge