Le Martinet noir est un oiseau exceptionnel. C’est aussi une espèce menacée. Notamment suite aux travaux de rénovation des façades (bien légitimes) qui rebouchent les trous et le prive d’abris. Pour la Conseillère communale ECOLO Catherine Rousseau, la commune d’Ixelles devrait, à l’instar d’autres municipalités, réaliser un inventaire des espèces d’oiseaux sur son territoire. Et promouvoir l’installation de nids artificiels lors des rénovations d’immeubles.


Les Ixellois rénovent leurs maisons, c’est bien. Ils lutte contre la prolifération des pigeons, c’est très bien aussi. Ils rebouchent les trous et fissures en façade, ce qui est bien normal. Mais, ce faisant, ils privent les martinets noirs d’un abri. Cet oiseau exceptionnel est en danger. Catherine Rousseau a interpellé l’Echevine du Bien ëtre animal d’Ixelles lors du Conseil communal de mai dernier.

Le Martinet noir – Apus apus – est un oiseau migrateur que l’on confond parfois avec l’hirondelle. Comme elle, son arrivée annonce le printemps. C’est un oiseau étonnant, qui passe l’essentiel de sa vie en vol. Voilier extraordinaire, il dort en planant dans les airs à la limite de la stratosphère, atteint des vitesses égales à 200 kilomètres par heure et ne se pose que pour nicher.

Le Martinet noir a évolué dans les forêts natives, mais celles-ci disparaissant, il a élu domicile dans les villes. Ils font leur nid dans les anfractuosités des bâtiments, sous les corniches et les rebords de toit. La femelle pond 2-3 oeufs puis les parents se partagent la couvaison et le nourrissage des petits.Ils peuvent vivre jusque 21 ans et reviennent chaque année dans le même nid.

Les Martinets noirs ne causent aucun désagrément aux hommes ; bien au contraire, puisqu’ils se nourrissent d’insectes. Ils constituent de précieux bioindicateurs car leur nombre est directement lié à la qualité de l’environnement.

Depuis 1992, la population de martinets noirs de la Région de Bruxelles-Capitale est suivie par l’asbl Aves, dans le cadre du «Réseau de Surveillance et d’Information de l’Etat de l’Environnement», coordonné par Bruxelles Environnement.Selon le dernier atlas des oiseaux nicheurs de la Région bruxelloise (2007), la population de martinets noirs est estimée entre 1200 et 2400 couples nicheurs (soit 7,4 à 14,8 couples au km²). Mais cette cohabitation heureuse est aujourd’hui menacée. Bien que le Martinet, comme les Hirondelles (ainsi que leurs nids) soient protégés par la loi, ces espèces rencontrent de nombreux soucis.

D’une part, l’utilisation des pesticides dans les espaces publics et privés des villes réduit drastiquement leurs ressources alimentaires

D’autre part, la rénovation des bâtiments vétustes, où les trous dans les façades sont rebouchés, les prive de leurs repaires préférés.

Le dernier dépliant publié par la commune « Le pigeon …un hôte importun » encourage les Ixellois à reboucher tous les trous de façade, de tendre des filets et de grillager les combles. Ces mesures destinées à réduire la population de pigeons risquent de nuire encore davantage aux Martinets noirs et aux Hirondelles.

Or, il existe des mesures permettant de préserver la biodiversité lors de la rénovation de bâtiments, comme l’ont encouragé d’autres communes bruxelloises (Molenbeek, Boisfort) :
– Il est facile d’intégrer des sites de nidifications lors de la rénovation des façades, comme la pose de nids artificiel
– on peut éviter de fermer complètement un grenier ou un garage ; une ouverture de 10 cm2 est suffisante pour permettre l’accès à l’intérieur du bâtiment à des oiseux comme les Martinets ou les Hirondelles.

NB : cettte intervention de Catherine Rousseau lors du Conseil communal de mai 2015 est un petit hommage, un clin d’oeil à notre ami, le regretté Conseiller communal Ecolo Eric Remacle, décédé en 2013 alors qu’il rédigeait justement une interpellation du Conseil communal d’Ixelles relative à la protection du Martinet…

photo (c) L a Dépèche